Fin février 2019, le site The Information publie une actualité inédite : la solution de cloud Microsoft Azure s’allie avec le spécialiste de la virtualisation VMware. Avec un chiffre d’affaires estimé à 11Mds$ en 2018, Microsoft Azure se place bien en-dessous de son concurrent Amazon Web Service (AWS) avec ses 25,65Mds$. Cette nouvelle alliance serait-elle une réponse à la concurrence, qui utilise déjà la solution de VMware ? Quel est l’intérêt pour VMware dans ce partenariat ? Retour sur une collaboration quelque peu surprenante…

Le succès du multicloud

Le partenariat entre Microsoft et VMware ne se réalise pas maintenant sans raison. Cette collaboration répond à une nouvelle tendance des DSI qui stockent désormais leurs données sur différents types de cloud et non plus sur un cloud unique. C’est ce qu’on appelle le multicloud.

Létude de RightScale sur le cloud en entreprise montre d’ailleurs que 84 % des entreprises de plus de 1000 salariés suivent une stratégie multicloud. Dans cet ensemble, 56 % utilisent des clouds hybrides, 17 % des clouds publics et 9 % des clouds privés.

Le lexique du cloud

1. Le cloud public : est un cloud créé par un fournisseur de service et accessible à toute entreprise abonnée. Bien que plusieurs organisations utilisent le même service, les données de chaque structure restent confidentielles. L’AWS et Azure sont des clouds publics, tout comme le cloud de Google ou d’Oracle. Le cloud public possède un gros avantage de scalabilité, il s’adapte très vite à la multiplication des données. Lorsqu’une entreprise requiert un agrandissement de son espace de stockage, elle le reçoit rapidement. La tarification se fait selon l’espace utilisé.
2. Le cloud privé ou «cloud propriétaire» : est un cloud développé par une entreprise pour un usage strictement interne. Les accès sont décentralisés, mais les utilisateurs doivent appartenir à l’entreprise pour approcher les données. Très sécurisé, le cloud privé permet au client d’améliorer la gouvernance des données. La tarification est liée au coût des ressources (data center, serveur…).
3. Le cloud hybride : combine le cloud public et le cloud privé via de l’intégration ou de l’orchestration. Il est constitué en partie d’un SI on-premises étendu vers un cloud public. Généralement, le cloud public est utilisé pour accroître l’efficacité des charges de travail. Le cloud privé est idéal pour les données ou charges de travail sensibles.
4. Le multicloud : rassemble deux environnements de clouds privés et deux environnements de clouds publics sur lesquels une entreprise évolue. Ils sont gérés de manière centralisée Le multicloud et le cloud hybride ne s’excluent pas, ils sont de plus en plus utilisés conjointement.

Dans ce contexte très concurrentiel, le gagnant sera celui qui s’impose le plus rapidement. Pour cela, les clouds demandent un niveau de service et de possibilités inédits.

Microsoft et VMware s’associent

Dans ce contexte mouvant, la filiale de Dell et le cloud Azure se lient pour étendre les capacités d’exploitation des applications développées par les utilisateurs de VMware dans le cloud Azure et les instances dédiées.

Mené par Ray Blanchard, un ancien collaborateur de VMware devenu salarié de Microsoft, le projet suit un parcours naturel. En 2017, Microsoft avait déjà développé une solution de migration pour les clients de VMware (sans son accord), mais l’opération était trop technique. Grâce à ce partenariat, les migrations seront facilitées et les clients VMware retrouveront un environnement familier.

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Les intérêts de chaque partie

Sur un marché aussi concurrentiel que celui de la virtualisation, une telle alliance est inévitablement profitable à chacune des parties. Il n’est donc pas étonnant de voir que les deux entreprises ont dépassé leur rivalité en la matière pour proposer une offre commune.

Pour Microsoft, il s’agit aussi de lutter contre AWS, acteur prédominant sur le marché en gagnant des parts de marché. Enfin, cela permettra également à Microsoft de prévoir la fin du support de Windows 2008 en 2020 en profitant des solutions de VMware pour la migration.

De son côté en s’alliant à Microsoft, VMware espère développer un réel partenariat avec ce dernier là où AWS se présente aujourd’hui d’avantage comme un concurrent comme expliqué ci-après.

Pour Microsoft, lutter contre AWS

Puisqu’Amazon a en partie décollé grâce à VMware Cloud on AWS, son service proposé par VMware, il est urgent pour Microsoft de se doter du même atout.

Pour l’anecdote, cette même offre a été proposée par VMware et rejetée par Microsoft il y a quelques années. Cependant, le succès d’Amazon a influencé la compagnie de Bill Gates.

Pour VMware, sortir d’une mainmise

Pendant qu’Amazon exploite de la solution VMware Cloud, la filiale de Dell profite des infrastructures d’AWS pour se lancer dans la solution de cloud hybride. De ce fait, les administrateurs d’infrastructures VMware en entreprise utilisent leur vCenter et provisionnent les infrastructures sur AWS.

Cette configuration autrefois synergiquement profitable représente aujourd’hui une menace sous la forme de concurrence pour VMware. L’entreprise a donc tout intérêt à diversifier ses alliances pour se détacher du géant de l’e-commerce.

Pour les deux, répondre à une demande

Au-delà du combat AWS vs Microsoft et VMware, les nouveaux partenaires ont deux intérêts communs :

  • Répondre aux demandes des clients de VMware qui souhaitent exporter leur solution sur le cloud de Microsoft.
  • Attirer les actuels utilisateurs de VMware sur Azure.

Cette alliance entre concurrents est loin d’être nouvelle. Avec le déploiement du multicloud, les fournisseurs concurrents s’allient pour répondre à la demande de solutions clouds. La dernière question porte sur les limites du partenariat puisqu’il semblerait qu’il ne s’arrête pas là… Affaire à suivre !

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