Le partage des données lancé par l’Open Banking encourage les banques, les néo-banques et les fintechs à développer de nouveaux services financiers. Via des API (Application Programming Interface) ou la création d’outils digitaux, tous sont sur la voie du changement. Encore faut-il prendre le bon virage et éviter les écarts de route.

Qu’est-ce que l’Open Banking ? Définition et exemples

Mis en application en 2018 suite à la directive DSP2 de 2013, le système bancaire ouvert oblige les institutions financières à ouvrir leurs données à des services ou acteurs bancaires tiers. Sont directement concernés : les fintechs, les services d’applications et les développeurs d’API. Dans la mouvance de l’Open Innovation, l’Open Banking assure une meilleure transparence des données bancaires, mais aussi, et dans une certaine mesure, des données clients.

Chaque client peut retrouver des informations générales, comme la localisation d’agence, et observer les mouvements de son compte depuis l’application de sa banque ou une application tierce.

L’Open Banking a chamboulé le marché : des fintechs comme Lydia (service de paiement) ou Bankin’ (gestion multicomptes), connaissent un franc succès, tandis que les banques proposent des applications pour le suivi de son portefeuille boursier (LCL) ou la gestion de son épargne salariale (BNP Paribas).

Découvrez qu’est-ce qu’une API et parcourez les 4 étapes indispensables pour choisir et mettre en place une API.

Une opportunité de nouveaux services pour les banques traditionnelles

L’Open Banking permet aux banques de proposer de nouveaux services financiers et, par effet papillon, d’ouvrir la voie à la création de nouvelles offres. Julien Maldonato, directeur de l’industrie financière du cabinet Deloitte pousse même le concept plus loin : « Cette approche de banque ouverte poussera les établissements vers des services extrafinanciers. C’est ce qu’on appelle le “beyond banking”. Dans cette logique, il ne s’agit pas d’aider l’individu uniquement lorsqu’il a besoin d’un service financier, mais de se positionner en amont et en aval de ce besoin. »

Prenons la transaction immobilière : avec ses nouveaux services, la banque pourrait être plus qu’un établissement de crédit. L’agent bancaire conseillerait ses clients sur leurs choix de vie : location ou achat, aide à la recherche immobilière, accompagnement lors du déménagement et soutien pour l’aménagement des lieux. En couplant les services de la banque et d’autres professionnels, l’institution bancaire se placerait alors au centre de ce moment de vie.

Cette théorie est réplicable à bien des niveaux : achats (d’une cuisine ou d’une automobile par exemple), évolution de la famille (via les portefeuilles d’assurance ou d’épargne), changements de vie professionnelle…

Un contexte pour l’émergence des fintechs

Grâce à l’ouverture des données, les fintechs ont toute la liberté de développer et commercialiser leurs solutions inédites. La preuve par 4 :

La solution allemande solarisBank a récolté en 2019 118 M$. Sa stratégie ? Permettre aux banques de proposer des services personnalisés à la demande. Les dits services couvrent une large palette : du service de paiement pour les places de marché à la création de comptes, en passant par les transactions.

De l’autre côté de la Manche, Rails Bank se présente comme une BaaP (Banking as a Platform) qui connecte un réseau de petites et moyennes banques et des fintech via une API. Son API peut contenir des transactions multiproduits ou du monitoring bénéfice/risque pour chaque transaction entre autres. Retrouvez quelques règles à respecter en matière d’APIsation.

Pour sa part, TrueLayer développe une application bancaire qui marie aussi bien les services courants que la gestion des cryptomonnaies. Le service s’intéresse très globalement aux assurances, aux services d’investissements ou aux places de marché C2C.

Le dépôt de détail incarne le fer de lance de Deposit Solutions, une autre innovation allemande. Son architecture ouverte permet aux banques de rapatrier leurs dépôts de détail issus de toute Europe dans leurs propres comptes sans multiplier les contrats avec diverses banques européennes.

Les risques de l’Open Banking

Qui veut l’ouverture des données personnelles craint pour leur sécurité. Heureusement, le terrain a été balisé légalement. Et son application concrète peut compter sur la blockchain. Moyens et discours sont en train de s’aligner pour faire de l’Open Banking une réalité en 2022.

L’ouverture des services et des supports exige de son côté une fluidité totale pour une bonne expérience client. Nouamane Cherkaoui, directeur des Systèmes d’Information du FAP chez Franfinance le confirme : « Tout l’enjeu consiste à proposer une intégration simple et sans couture, c’est-à-dire capable d’assurer une expérience client fluide et sans friction à l’égard des consommateurs ayant un parcours cross-canal ». Sans interface moderne et simple, les utilisateurs ne se saisiront pas de l’application ou du service.

Grâce au système d’APIsation, les banques traditionnelles ne font plus face à un fossé technologique, elles sont capables de développer et d’intégrer des services facilement. À elles maintenant d’outrepasser l’historique cloisonnement des données pour en profiter.

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